Un combat laïc peu connu, fut, dès les années 1850, la revendication des funérailles civiles. A cette époque on fermait les cimetières aux athées, on excommuniait leur famille et on profanait leurs tombes. En théorie, les enterrements civils étaient autorisés mais, en pratique, ils se heurtaient à de graves difficultés parce que les autorités religieuses avaient le monopole du matériel utilisé lors des inhumations et en contrôlaient strictement l’emploi. Dans les cimetières, tous ceux qui mouraient en dehors de l’Église, les enfants non baptisés compris, étaient relégués dans le « trou au chien », le « coin des réprouvés », qui n’était même pas toujours prévu ! Plus d’une fois le cimetière se trouvait fermé par le clergé qui le considérait comme une propriété ecclésiastique.
De ces luttes laïques sont nées les réglementations des cimetières publics, organisés par les pouvoirs communaux, garantissant un accès égal pour tous. Ainsi, la loi du 20 juillet 1971 établit le caractère public des cimetières et en fait un service public, à la charge de la commune. Les principes de base qui fondent les réglementations existantes reposent sur les articles 10 et 11 de la Constitution (égalité et non discrimination) ainsi que l’article 19 (liberté de manifester ses opinions).
Les funérailles en France se sont très longtemps inscrites dans des rituels religieux formulés par l’Eglise catholique. Ces rites donnent du sens à la mort. En effet, la mort n’est jamais exclusivement considérée comme une donnée biologique –comme « naturelle », « normale »- ; la perte d’un être cher suscite toujours des réactions car la mort est perçue comme inacceptable et remet donc en question l’organisation de la famille, de la communauté…
Depuis la fin du XIXe siècle, la loi reconnaît la possibilité de choisir des funérailles civiles mais faute d’obligation pour les communes de les accueillir, les familles doivent la plupart du temps s’adresser aux services de pompes funèbres. Le 30 novembre 2016, l’Assemblée Nationale a donné son feu vert à un nouveau rituel laïc : des « funérailles républicaines » organisées dans les locaux des mairies Sans que cela ne soit obligatoire, un officier d’état civil pourra conduire la cérémonie. Le texte adopté par l’Assemblée est toujours à l’étude par le Sénat.
D’après une étude réalisée par les pompes funèbres générales, la part de cérémonies civiles est passée de 25 % en 2008 à 30 % en 2013.
Aujourd’hui, les sociétés de Pompes funèbres vous proposent un service de cérémonie, monopole « facile » de par le simple fait que, dans la majorité des cas, le décès survient brutalement et les familles n’ont que peu de temps pour préparer les funérailles. Où trouver alors l’énergie de créer une cérémonie personnelle en l’honneur du défunt ? un espace pour exprimer la perte, la douleur ? Ces sociétés déchargent les personnes endeuillées des formalités en proposant des packs divers (administratifs, cérémoniels, et autres….). Malgré tout, ce besoin d’expression étant légitime, il doit être considéré à juste titre et, le plus possible, préparé. Les familles ont besoin d’être accompagnées dans leur douleur afin de pouvoir faire leur deuil.
Sur le forum des Laïciennes, un espace est dédié aux funérailles, permettant de trouver des textes à lire, des exemples de cérémonies, et bien sur du soutien dans l’épreuve.